Mont-Orford : obstacles à la pérennité

mardi 8 février 2011 par Hubert Simard

Le projet de société d’économie mixte du Mont-Orford de la MRC Memphrémagog a soulevé de l’intérêt et des questions. Les observateurs avertis doutent sérieusement de la pérennité de la solution retenue par les maires de la MRC de Memphrémagog. Celle-ci repose exclusivement sur les capacités d’un éventuel soumissionnaire à rentabiliser l’exploitation des installations. L’analyse qui suit cherche à identifier et à évaluer les obstacles politiques, économiques, et environnementaux à une prise en charge équilibrée qui assurerait la pérennité des installations touristiques du Mont-Orford.

La résistance au pelletage de responsabilités

Les administrations municipales sont habituées à subir les transferts de responsabilités avec ou sans compensations du gouvernement. Lorsqu’un transfert n’est pas souhaité, l’attitude est celle de la résistance. Ces transferts alourdissent les finances municipales et réduisent la marge de manoeuvre pour réaliser les projets de développement locaux. Les élus ont travaillé à repousser l’échéance de la fermeture, suite au désistement gouvernemental, jusqu’à la limite du dernier recours. La station touristique, sous propriété gouvernementale avec le centre de ski et le terrain de golf, était un moteur de développement touristique pour la région. Le gouvernement a fait des concessions et il a pris à sa charge la saison 2010-2011, la réfection du barrage, la rénovation de la conduite d’eau, les rénovations du chalet exigées par la Régie du bâtiment du Québec... Les municipalités demeurent unanimes dans leur rejet de la prise en charge d’un déficit d’exploitation. Malgré la Loi 90, certains intervenants croient que le gouvernement n’osera pas aller jusqu’à la fermeture de la station de ski. Ils rêvent encore au retour du gouvernement.

Une hypothèque sur la maison pour payer l’épicerie

Le modèle de financement retenu répond au principe de base énoncé par le préfet Marinovich le 15 décembre 2010 : « Refuser d’investir les taxes des citoyens dans une opération de centre de ski et de golf, ni en investissements, ni pour combler les déficits ». La porte du financement municipal étant fermée, la seule façon de financer la relance consiste à emprunter des fonds en mettant en garantie les installations transférées par le gouvernement. Advenant un échec, les municipalités n’auront pas à éponger le déficit. Cette approche met à risque le deuxième engagement énoncé par le maire Marinovich « De protéger cette nouvelle richesse collective qui est remise à la MRC par le gouvernement ».

Le partenaire minoritaire de la MRC aura l’entière responsabilité d’assurer rapidement la rentabilité de l’exploitation de la station touristique de manière à couvrir les frais et les remboursements des emprunts. Un éventuel partenaire de la MRC, dans l’évaluation du risque qu’il devra prendre, calculera la probabilité d’obtenir du financement supplémentaire en jouant la carte de la menace de fermeture.

Compte tenu de l’historique des finances de la station touristique, le succès de cette stratégie apparaît improbable. L’épuisement des liquidités sera le point de départ d’une nouvelle situation de crise plus sévère que les précédentes parce qu’elle fera face au refus radical des municipalités de s’engager à contribuer au financement du déficit.

Une vision désuète

Le pouvoir local refuse d’admettre l’effondrement de l’industrie des stations touristiques traditionnelles fondées sur le développement immobilier. Cette industrie a été au coeur de la dernière récession qui a failli emporter les marchés financiers. Les produits financiers toxiques basés sur la dérèglementation du crédit dans le domaine immobilier ont stimulé un excès de projets immobiliers dans un marché artificiellement gonflé par les spéculateurs pour générer des profits rapides. Il n’y a pas l’apparence de demande pour les milliers de condos attendus en périphérie du Mont-Orford ainsi qu’à Owl’s Head, Sutton, Bromont...

L’Association des stations de ski du Québec (ASSQ) constate avec consternation la diminution du nombre de ses membres. Les Cantons de l’Est ont perdu les stations de ski Mont Shefford, Mont Glen et, dernièrement, Montjoye. Cette association a cherché à sensibiliser les élus de la MRC au fait que la moitié des stations de ski du Québec sont maintenant exploitées dans un environnement d’économie mixte avec la participation des municipalités au financement de l’exploitation. Des études coûts et bénéfices démontrent que les stations de ski soutiennent la comparaison avec les arénas et autres équipements de loisirs qui font l’objet d’investissements municipaux.

Pour les élus de la MRC Memphrémagog, la station de ski est un équipement commercial qui doit être rentabilisé par un entrepreneur privé. Sa valeur réside dans sa capacité à attirer les touristes et à générer des projets immobiliers qui stimulent le commerce local et qui accroissent les revenus de la taxe foncière. Elle doit créer de la richesse et surtout pas devenir un fardeau financier pour les municipalités. Si une aide doit être apportée, elle doit venir des « intéressés » qui profitent de la clientèle des touristes. L’implication de la MRC dans la solution de dernier recours se résume au rôle de courroie de transmission pour faciliter le passage du retrait du gouvernement vers une prise en charge intégrale par un exploitant du secteur privé.

La Coopérative de solidarité du Mont-Orford est une organisation fondée sur une base citoyenne de 1 000 membres qui ont investi dans l’achat d’une part sociale. L’organisation, gérée selon les principes du mouvement coopératif consulte ses membres avant de prendre des décisions. Elle recherche des solutions pour une exploitation sur quatre saisons. Elle gêne le pouvoir local parce qu’elle propose un partenariat public-privé qui nécessiterait des investissements récurrents des municipalités.

De son côté Orford 911 regroupe des influenceurs proches de la Chambre de commerce et d’industrie Magog-Orford depuis 2008. L’organisation a donné le ton aux représentations de la MRC dans le cadre de la loi 90. Opposée à la réintégration des terres à l’intérieur du parc national, elle valorise les investissements privés dans l’immobilier et dans les liens mécaniques entre l’hébergement et la station de ski. Elle se positionne comme un « contrepoids aux environnementalistes ». Elle cherche à mobiliser la population et affirme pouvoir compter sur plus de 3 000 membres non payants. Elle n’a pas tenu d’assemblée des membres.

Personne ne s’interroge sur l’avenir de l’Estrie comme région privilégiée de villégiature et de tourisme équipée pour la pratique des loisirs d’hiver. L’impact d’une éventuelle fermeture sur l’économie régionale ne fait pas partie des discussions.

Le réchauffement climatique

Ce facteur est souvent mentionné parmi les obstacles à la pérennité de la relance du Mont-Orford. Il est réel sans être absolu. Il y a des moyens de faire face à cette difficulté pour plusieurs décennies. La menace, est d’abord du côté des perceptions. La région risque de perdre son pouvoir d’attraction pour les loisirs d’hiver. L’impact se ferait sentir non seulement du côté de l’industrie du tourisme mais aussi au niveau du développement de la villégiature. Il faut prendre conscience du fait que la région des Cantons de l’Est est identifiée comme le secteur du Québec où le réchauffement climatique est le plus marqué. Les régions des Laurentides et de Québec détiennent, de ce fait, un avantage comparatif dans le domaine des sports d’hiver. Ce n’est pas qu’une perception. Les corporations doivent maintenant faire rapport à leurs actionnaires des risques climatiques relatifs des investissements. C’est la cas, notamment du Club Méditerranée qui fait des choix à l’échelle de la planète. Les financiers sont à l’affut des risques climatiques. Les régions concurrentes, les promoteurs immobiliers et les courtiers en immeubles de ces régions utiliseront certainement cet argument auprès des amateurs de sports d’hiver pour faire valoir leurs avantages comparatifs.

Si cette perception s’installe, il sera de plus en plus difficile d’attirer et de retenir la clientèle intéressée par les sports d’hiver et le déficit d’exploitation de la station de ski deviendra insurmontable.

Le syndrome de Ski Montjoye

Les municipalités de la région ont déjà investi dans une station de ski. Lorsque la station Ski Montjoye, exploitée par des criminels, a été saisie par le gouvernement, plusieurs municipalités de la région, dont les villes de Sherbrooke et de Magog, ont créé une régie intermunicipale pour la prendre en charge. La gestion a été confiée à la firme SODEM, qui gère actuellement le Mont-Orford et qui pourrait déposer une offre dans le cadre de la solution de dernier recours. On sait peu de choses sur les conflits qui ont conduit les municipalités à se retirer de la régie intermunicipale. Depuis ce temps, Marc Poulin, ex-maire de Magog, affirme sa conviction que la gestion de stations de ski ne fait pas partie du rôle des municipalités.

Il demeure que cet échec du leadership municipal en Estrie mine la confiance dans les capacités de cette région à mettre en oeuvre des projets qui reposent sur une participation responsable des communautés locales de la région.

Un équipement régional trop lourd à supporter pour la seule MRC Memphrémagog

En 2010, la petite municipalité de Saint-Adolphe-d’Howard, dans la MRC des Pays-d’en-Haut a fait l’acquisition de la station de ski Avalanche. C’est une histoire intéressante, qui marque un point dans l’évolution des municipalités du Québec vers la prise en charge des équipements de stations de ski. Pour évaluer cette option relativement au Mont-Orford, il faut quand même prendre le temps de faire la différence entre une station de ski locale et une station de ski à caractère régional de même qu’entre une municipalité à vocation de villégiature comparativement à une municipalité au service d’une population permanente.

Saint-Adolphe-d’Howard accueille une population permanente de 3 786 résidents à laquelle s’ajoutent 12 000 villégiateurs. À l’échelle de la MRC de Memphrémagog la proportion est plus ou moins inversée, même si 8 municipalités sur 17 comptent des populations de villégiateurs qui dépassent 75% de la population permanente. La dynamique des services locaux est tout à fait différente. Magog, la ville centre de la MRC, concentre la population permanente (53 %), même après que la municipalité du Canton de Magog ait été annexée à Magog. La priorité de la ville centre est de renouveler sa base économique dans un contexte où la vocation industrielle traditionnelle s’est effritée au cours des dernières années. La clientèle électorale des résidents permanents domine le paysage politique local. Les nouveaux investissements dans la bibliothèque (2,1 M $), l’usine de filtration d’eau (5,8 M $) et le Centre sportif de La Ruche (4 M $) ont hypothéqué la marge de manoeuvre de Magog.

Il faut aussi mettre dans la balance le fait que la Station de sports Mont-Avalanche (on notera la volonté de se différencier des stations de ski traditionnelles) ne gère que 15 pistes avec un dénivelé de 165 mètres et un seul remonte-pente. Comparativement, le Mont-Orford entretient 61 pistes sur un dénivelé de 589 mètres desservies par 5 remonte-pentes. De plus la station locale est exploitée 4 jours sur 7 alors que la station de ski régionale fonctionne 7 jours sur 7.

Les bénéfices de la station touristique du Mont-Orford dépassent pourtant le territoire de la MRC de Memphrémagog comme en témoigne la présence de personnalités des milieux de la politique et du commerce de Sherbrooke à des événements de relance de la station de ski.

Un leadership localiste

La valeur de l’autonomie municipale est au centre des orientations locales à la MRC de Memphrémagog. Pour mieux travailler sa priorité de relance de l’emploi la mairesse de Magog, Vicki May Hamm, a retiré des fonds consentis au CLD Memphrémagog, l’organisme de la MRC qui a le mandat de promouvoir le potentiel de la région auprès des entreprises et qui a travaillé le projet de fonds de relance de la station du Mont-Orford. Le directeur-général a démissionné. Le CLD est affaibli.

D’autres MRC ont fait le choix de se doter d’un préfet permanent élu au suffrage universel avec son programme de développement régional pour mieux prendre en charge et faire valoir les enjeux régionaux.

Seuls les trois maires de Magog, du Canton d’Orford et d’Eastman se sentent suffisamment responsabilisés pour prendre à tour de rôle des initiatives selon les besoins du moment ou selon les intérêts qu’ils défendent. Avant les élections municipales de 2009 le préfet Roger Nicolet, maire de la municipalité d’Austin, assumait clairement le rôle de porte-parole de la MRC et il présidait également le Conseil régional des élus de l’Estrie (CRÉE). Personne n’a remis en question l’idée que la relance du Mont-Orford est un enjeu de nature locale.

Pierre Bastien, maire de la municipalité du Canton d’Orford
Au début du mandat qui a suivi les élections de 2009, Pierre Bastien s’est empressé de faire valoir le retour d’une administration locale favorable au développement immobilier dans l’environnement de la station de ski, contrairement à son prédécesseur, Pierre Rodier, qui participait au mouvement de SOS Parc Orford et qui avait contribué au lancement du projet de Coopérative de solidarité du Mont-Orford.

Désavoué par la ministre Beauchamp du MDDEP, qui a refusé de reconsidérer le développement immobilier sur les terres du Mont-Orford, Pierre Bastien a pris du recul sur la scène publique. Même s’il a voté en faveur de sa création, il n’appuie pas activement la Coopérative de solidarité du Mont-Orford dont la création a été générée par son opposition politique. Il suit cependant le dossier du Mont-Orford de très près. La municipalité du Canton d’Orford subirait l’impact le plus lourd dans l’éventualité d’une fermeture. La population permanente de cette municipalité est de 3 122 résidents. Les villégiateurs ajoutent une population saisonnière évaluée à 2 531 personnes (81 % de la population permanente).

Vicki May Hamm, mairesse de la Ville de Magog
Mme Hamm, nouvelle mairesse de la Ville de Magog et présidente du CLD de Memphrémagog a assumé un leadership dans ce dossier. Devant les pressions du milieu et du gouvernement pour apporter une contribution de la région à la relance de la station de ski avant le lancement de l’appel d’offres pour la vente des installations, elle a proposé un premier projet de fonds de relance. La principale mesure de ce plan visait une augmentation de 0,5 % de la taxe à la consommation (TVQ) sur le territoire des trois municipalités concernées. La réaction négative de la population locale et le rejet de cette solution, qui empiète sur un champ de taxation gouvernemental, ont obligé un changement de cap.

Mme Hamm et son conseil municipal ont également donné leur appui à la Coopérative de solidarité du Mont-Orford. Cet appui n’est pas allé jusqu’à travailler activement à rassembler les intervenants autour de cette solution. Le deuxième projet de fonds de relance n’a pas permis de remplir l’objectif recherché d’une contribution de 1 M $/an pour une période de 5 ans. Après avoir piloté la position de la MRC à la commission parlementaire sur la loi 90, Mme Hamm a quitté la présidence du CLD pour mieux se consacrer à ses priorités locales. Elle fait face à des pressions pour que la Ville de Magog, qui représente 53 % de la population de la MRC, apporte une contribution financière plus substantielle à la relance de la station de ski. Elle n’est pas dans une position favorable pour investir dans la relance de la station de ski qui ne se trouve pas sur le territoire de Magog. Elle doit défendre une hausse des taxes municipales de 8,7 % en 2011 avec des nouvelles dépenses prévues pour 2012.

Gérard Marinovich, maire de la municipalité d’Eastman et préfet de la MRC de Memphrémagog
Au début du nouveau mandat, suivant les élections municipales de 2009, le préfet Marinovich a laissé la place, pour ce qui est du dossier Orford, à ses collègues Hamm et Bastien. Ses interventions étaient plutôt évasives, même s’il dirige une des trois municipalités impliquées dans le fonds de relance.

À la suite du rejet de l’appel d’offres gouvernemental et de la démission de Mme Hamm du CLD, le comité administratif de la MRC, présidé par M. Marinovich a été responsabilisé pour la prise en charge du dossier. Pierre Bastien et Vicki May Hamm siègent également sur le comité administratif. Depuis que le processus de dernier recours est enclenché, le préfet Gérard Marinovich assume le rôle de porte-parole de la MRC dans le dossier du Mont-Orford. Son rapport mensuel à la séance publique du conseil de la MRC est lu en cours d’assemblée et publié sur le site de la MRC.

Entre la coopération et la concurrence intermunicipale
Il est difficile de sortir du cercle des trois municipalités directement concernées. L’échec de Ski Montjoye est un exemple où la solidarité s’est effritée au fil des années. Pourquoi les municipalités voisines du secteur du lac Massawippi contribueraient-elles à la relance du Mont-Orford alors que la MRC n’a rien fait pour la survie de Ski Montjoye ?

La station de ski Owl’s Head est le pilier de l’économie du Canton de Potton. Cette station de ski est en concurrence avec celle du Mont-Orford et son propriétaire est à la recherche d’un projet de développement immobilier qui stimulerait l’économie locale. À l’échelle régionale, il y a Tourisme Cantons de l’Est qui déborde du cadre de la région de l’Estrie pour inclure les secteurs de Bromont et de Sutton. Les quatre stations de ski sont en concurrence et elles entretiennent leurs visions de développement immobilier de type centre de villégiature.

La cohésion et les initiatives régionales ne sont pas des priorités à la MRC de Memphrémagog. L’apparence de solidarité régionale dans le projet de relance est garantie par l’engagement à ne dépenser aucun fonds qui nécessiteraient une répartition entre les municipalités de la MRC. Un règlement a été adopté pour permettre le désistement individuel de tout municipalité.

Les villégiateurs, une force invisible, divisée et ignorée

Ils choisissent Magog-Orford pour son lac, sa montagne, ses paysages, son environnement, son parc national et pour la qualité de ses services. La station de ski et le terrain de golf sont au centre des services qui attirent les villégiateurs et qui donnent de la valeur à leur investissement immobilier. Ils ne sont pas comptabilisés dans la population permanente puisqu’ils habitent une résidence secondaire. Ils sont rares à exercer leur droit de vote local et à participer à la vie politique locale. Ils ont tendance à voter avec leurs pieds. L’attention des élus locaux est centrée sur les besoins de la population permanente et sur les intérêts des commerçants, qui sont très présents dans la politique locale.

Pourtant, les villégiateurs peuvent s’investir massivement dans des dossiers locaux lorsque leurs intérêts sont menacés. Ils ont les moyens et le savoir-faire. Les mouvements de SOS Parc Orford, de la Coopérative de solidarité du Mont-Orford, de Orford 911 puisent abondamment dans la clientèle des villégiateurs. Une proportion grandissante des villégiateurs fait le choix de transformer la résidence secondaire en résidence permanente. Ce nouveau segment de la population permanente conserve une vision de villégiateurs bien différente de celle de la population permanente traditionnelle associée aux industries en déclin et à la ruralité. La plus grande manifestation de SOS Parc Orford s’est déroulée... à Montréal. C’est une foule record pour ce type de manifestation évaluée à douze mille personnes qui a pris la rue à l’occasion du Jour de la Terre, le 12 avril 2006 en soutien à cette lutte.

Les villégiateurs n’ont pas de porte-parole. Ils peuvent s’engager dans des mouvements tels que ceux de SOS Parc Orford, de la Coopérative de solidarité du Mont-Orford et de Orford 911. La priorité du premier mouvement portait sur l’aspect environnemental tout en favorisant le maintien de la station de ski à l’intérieur du parc national. Le deuxième veut offrir une solution coopérative à la relance de la station de ski tout en adhérant à la conservation de la station de ski à l’intérieur du parc national. Le troisième associé à la Chambre de commerce et d’industrie Magog-Orford, veut faire « contrepoids aux environnementalistes » tout en valorisant l’exploitation commerciale de la station touristique. Globalement, on peut affirmer que les villégiateurs sont en faveur du statu quo. Peu importe que la station touristique soit gérée par le gouvernement, par une coopérative ou par un exploitant privé, tout va bien tant que le passé soit garant de l’avenir.

L’attitude positive et confiante des élus de la MRC les conforte dans le sentiment qu’ils arriveront à garantir la continuité des services.

Cette clientèle de villégiateurs n’acceptera pas une rupture dans les services qui ont justifié leur investissement dans la région sans monter aux barricades.

Un fonds de relance anémique

Le fonds de relance est un enjeu depuis que le gouvernement Charest a annoncé sa volonté de se retirer du financement de l’exploitation de la station touristique en 2006. Les pressions pour que la région assume une partie du financement de la station touristique ont commencé à ce moment.

Deux semaines avant que la ministre Beauchamp annonce le lancement de l’appel d’offres pour les installations de la station touristique, le 9 mars 2010, la mairesse Vicky May Hamm, présidente du CLD de Memphrémagog, entourée de représentants des milieux d’affaires, présente un projet de financement du fonds de relance. La modalité retenue : une majoration de 0,25 % de la taxe de vente du Québec sur les territoires de Magog, du Canton d’Orford et d’Eastman qui rapporterait une somme de l’ordre de 1 M $/an. La réaction des citoyens est négative. Selon un sondage de Radio-Canada 65 % de la population des municipalités concernées est contre cette surtaxe. Le sondage en ligne sur Cyberpresse indique un rejet au niveau de 81 %. Le gouvernement refuse un empiètement sur une source fiscale qui lui est exclusivement réservée.

Un mois avant la fin de l’appel d’offres, au début de juin 2010, on apprend qu’une soixantaine d’intervenants du milieu des affaires ont participé à une rencontre du CLD de Memphrémagog pour approuver la deuxième version du projet de fonds de relance dont l’objectif est toujours d’apporter une contribution de 1 M $/ an pendant 5 ans.

Les municipalités s’engagent à contribuer 100 000 $ /an soit 10% de l’objectif (Canton d’Orford 55 000 $, Magog 38 000 $ et Eastman 7 000 $ sur la base de 0,50 $ /nuitée d’hébergement dans les établissements locaux). Les gens d’affaires sont invités à fournir une contribution volontaire de 250 000 $ /an. Une éventuelle taxe supplémentaire de 3 % sur les produits et services vendus sur le site de la station touristique rapporterait 165 000 $. Le gouvernement est appelé à contribuer un montant annuel de 400 000 $. La contribution de Tourisme Cantons de l’Est à la promotion de la station touristique financée par la taxe sur les nuitées serait considérée comme une participation au fonds de relance.

Au début de février 2011, à quelques semaines de l’échéance du 23 mars pour l’appel d’offres de dernier recours, la mairesse Vicki May Hamm s’engage une troisième fois dans la démarche de levée de fonds pour la relance du Mont-Orford. L’objectif de 5 M $, n’est atteint qu’à 15,5 %. Il s’agit principalement de la contribution de 100 000 $ /an des municipalités. Les gens d’affaires ne se sont engagés que pour un montant de 55 000 $ /an alors qu’on espérait une contribution volontaire de 250 000 $ /an.

Elle concède que les attentes pour une contribution gouvernementale directe au fonds de relance de 400 000 $ /an n’étaient pas réalistes. Par ailleurs le gouvernement maintient des engagements à réaliser des travaux sur la conduite d’eau et la rénovation du chalet qui dépasseront vraisemblablement ces montants.

Conclusion

L’expérience passée et des tendances à long terme minent les perspectives de solutions durables à la pérennité des installations touristiques du Mont-Orford. Le pouvoir local mise sur des solutions à court terme qui permettront possiblement de gagner du temps. L’espoir des élus est que les services puissent être pris en charge par un entrepreneur privé de manière à pouvoir se désengager le plus rapidement possible.

Personne ne cherche à engager la région des Cantons de l’Est ou même de l’Estrie sur la voie d’une vision renouvelée de la villégiature et du tourisme d’hiver. Les stations de ski de Sutton et de Owl’s Head sont également à risque. Leurs propriétaires sont en attente d’un acheteur depuis bon nombre d’années. Seule la station de ski de Bromont semble investir dans une vision à long terme. Elle n’est pas, non plus, à l’abri d’une série de mauvaises saisons.

Il faudra probablement arriver à une menace dramatique de démantèlement des installations du Mont-Orford pour que l’attitude de résistance des élus locaux change. Si la population se mobilise et motive suffisamment les élus, des solutions de partage du financement du déficit d’exploitation pourront être adoptées par les municipalités. Tant que la MRC affichera optimisme et confiance, les citoyens dormiront avec la conviction que tout finira par se régler, comme d’habitude.

La fin de la saga du Mont-Orford n’est pas en vue.


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